Pitch court :
Reality est une petite gosse qui repère une cassette vidéo dans les viscères du sanglier chassé par son papa.
Pitch moyen :
Mais qu’est ce qu’Alain Chabat fait là? Dans son rôle de Jason Tantra, Jason (prononcé à la française) est cameraman à la télé, supposons à L.A., et rencontre le producteur Bob Marshall. Jason veut faire un film où les télévisions cathodiques deviendraient méchantes avec leurs ondes, tueraient les humains qui hurleraient à la mort.
Le savant scénario met bien à mal le réel, œuvrant à rendre poreuse la frontière entre le rêve, la fiction et la réalité. Une prouesse qui fonctionne si l’on accepte le jeu de l’imagination, tout en aspirant à contempler le complot contre le spectateur. Dupieux aime comploter, en ciselant ses caractères dans des décors élégants, l’image impeccable.
Ce qui change, me souvenant des précédents, c’est le rapport au son. La bande son de Wrong Cops porte le film bien au delà de l’image, tandis que dans Reality, la musique c’est le bémol : une boucle de synthétiseur nous tiendra en haleine pendant l’heure et demi. Deux fréquences obsessionnelles qui reviennent sans cesse, inconfortables. Le trait tiré mais c’est peu musicalement, M. Oizo. Une justification existe?
Cela dit, niveau audio, la force revient en deux points : les dialogues sont drôles et bien venus, c’est bien écrit, joliment restitué en scène. Et c’est un film bilingue franco-anglais complétement assumé et où il n’y a pas de gène à passer d’une langue à l’autre.
Évidemment, Reality, une belle pièce dans la collection de Quentin Dupieux.