Une dernière exploration confinée dans un rayon d’un kilomètre ; dans le sous-bois du grand séminaire, nous avons imaginé, avec une voisine, qu’il y aurait des réunions cléricales de personnes en sandales vers vingt heure le samedi. L’avant dernier samedi, nous avons abandonné l’exploration pour cause de pluie. Le lendemain, j’y ai découvert la vierge sur scène accompagnée d’un bouquet, d’une croix et d’un linceul. Le samedi suivant, le dernier du confinement, nous sommes donc allées, gaillardes, mais rien de plus que le dimanche précédent, si ce n’est, le linceul a disparu. Nous avons alors erré dans les arbres fruitiers et la rue de la bascule, elle porte son passeport et son téléphone en balade. Entre temps, j’ai encore trainé du coté de la dalle du Bourg l’Evêque pour regarder les vitrines vides, pour travailler au projet de la rentrée Horizons 2020 avec une voisine. Entre temps, la lune a battu son plein dans la nuit du 7 au 8 mai, les voisins d’à coté ont hissé le drapeau français pour le 8 mai, les cavistes sont masqués comme beaucoup de gens maintenant… Le dernier dimanche, avec mon ami, nous avons marché le temps de deux attestations jusqu’au bout de la rue Anatole France, le glas a sonné, demain, nous serons libéré de la sortie brève, limitée à une heure dans un rayon d’un kilomètre. Pour terminer l’exploration confinée, je choisis de photographier cet arbre, penché, en face de l’Armor, à coté de l’ancienne école Papu ; je me souviens qu’il était là avant 1964, de mémoire d’habitant, cet arbre a survécu à la destruction et à la reconstruction du quartier, ainsi qu’aux cinquante-six ans suivants. Il longe l’ancien bras qui avant passait là où sont construits les Horizons, on voit encore le lit d’un de ces méandres de l’Ille. La toute dernière photo, une personne dort dans le parc depuis ce matin, il est alors 14h, mardi 12 mai, déconfinés.
