Monter aux arbres, par Myriam Ingrao
Il faut monter aux arbres pour se laisser embarquer par les rêves et les grandeurs
passées.
Le pan de mur est noirci de feuillages qui s’allongent et s’étirent en une coulée grise. Les
variations du fusain montrent-elles le matériau érodé, ou l’érosion de l’image ? Le tout est
pris dans la lumière du zenith.
Il y a des dessins de points doublés de leurs jumeaux évidés. Le papier percé témoigne de
la disparition au profit du creux, de l’ombre, de l’insaisissable, où l’on ne voit pas tout.
Mais aussi, une lune en point de mire, un arbre bleui et démesuré, une coulée de planètes
filantes aux allures de billes à jouer. La nuit parle des rêves et décolore le réel.
En contrepoint, les éclats de soleil du laiton.
Lentement, la couleur éveille.
Il y a les les insectes et les animaux de nos livres d’images. La flore et la faune sont l’aura
mystérieuse du dehors. Au loin, un hululement pétrifie nos sens, la vision d’un nichoir
rassure. Nous sommes dans le jardin.
Nous sommes au-dedans.
Au dedans de soi, il faut trouver appui pour se remémorer l’enfance et ses sens.
Les végétations sont les bourgeons des muqueuses, les mots échappent au
raisonnement. Vestiges des choses dont on relèguait le sens à nos intuitions, le langage
avait sa part d’inconnu dans le monde du tendre âge, où ne l’on ne percevait pas tout, ou
l’on percevait autre.
Autrement, tel que le rêve peut être composé en partie, nourri d’heures passées à
enfanter, qui veut dire accoucher et créer.
Monter aux arbres, une exposition collective avec Badame l’Ambasadrise, Juliette Philippe, Myriam Ingrao, Pascal Pellan et moi-même, aux Ateliers du vent jusqu’au 31 octobre 2020. Tous les midis du lundi au vendredi de 12h à 14h à la cantine des Ateliers du vent et les jeudis à partir d’octobre entre 18h30 et 22h. Ouverture exceptionnelle le dimanche 11 octobre de 14h à 19h dans le cadre des Ateliers Portes Ouvertes de la ville de Rennes.